Pérégrinations technologiques
Quête d’immortalité, cryogénisation, développement personnel, épuisement des ressources, pyropictomanie (ou encore plaisir pris dans les images de la dissipation d’énergie)… de l’Ouest américain à la côte Atlantique, sur fond de catastrophe climatique, rencontre avec les auteurs de deux ouvrages consacrés au tournant technologique que nous traversons. Comment ces écritures connectées à la pratique plastique et habitées par le déplacement saisissent-elles ce tournant ?
Cette rencontre prend pour point de départ deux ouvrages qui abordent la technologie par le biais du déplacement. Le premier L’Être Plus, itinéraire pour devenir soi-même de Stéphanie Solinas (Seuil, Fiction & Cie, 2023) est un road trip à travers la Silicon Valley où se mène une course effrénée contre le temps et l’obsolescence humaine. L’autrice nous entraîne sur les routes de l’humain « augmenté » entre spiritualité, intelligence artificielle et quête d’immortalité.
Le second Les images pyromanes, théorie-fiction des IA génératives (UV éditions, 2025) de Pierre Cassou-Noguès et Gwenola Wagon – un philosophe et une artiste – interroge les implications esthétiques et politiques des IA génératives à travers une série de contes spéculatifs dans lesquels un duo d’agents immobiliers imagine la réalité à l’aide de la plateforme, une IA générative d’images.
Artiste plasticienne, autrice et chercheuse, Stéphanie Solinas développe une œuvre plurielle, à la croisée de la photographie, du livre et de l’installation. Explorant la pensée à l’œuvre dans l’opération même de « voir », et le tissage du visible et de l’invisible, du rationnel et de la croyance, de la dynamique entre soi et l’autre, son champ d’investigation s’étend du XIXe au XXIe siècle, de la naissance de la photographie à l’intelligence artificielle. Son travail a été exposé aux SFMOMA et J. Paul Getty Museum aux USA, FOAM à Amsterdam, Centre Pompidou, Jeu de Paume, Rencontres d’Arles, Musée national Eugène-Delacroix en France.
Depuis 2014, Stéphanie Solinas mène un ensemble d'opérations de cartographie des identités, entre matérialisme et transcendance, qu’elle ancre sur trois terrains choisis : Islande, Italie et côte ouest des États-Unis.
Philosophe, écrivain, Pierre Cassou-Noguès est professeur au département de philosophie de l’université Paris VIII et membre senior de l’Institut universitaire de France. Son travail est marqué par un usage théorique de la fiction qu’il utilise pour mettre en question les technologies contemporaines et confronter les concepts philosophiques à la crise environnementale. Il a notamment publié Les cauchemars cybernétiques de Norbert Wiener (Seuil, 2014), La bienveillance des machines (Seuil, 2022) et, avec Gwenola Wagon, Les images pyromanes. Théories fictions des IA génératives (UV-éditions, 2025). Il a également collaboré avec Gwenola Wagon à plusieurs films et installations.
Gwenola Wagon est artiste et chercheuse. Elle enseigne à l’École des Arts de la Sorbonne à l’Université Paris 1. À travers des installations, des films, des performances et des livres, elle imagine des récits alternatifs et paradoxaux pour penser le monde numérique contemporain. En collaboration avec l’artiste Stéphane Degoutin, elle co-réalise World Brain, La Maison qui vous veut du bien et le livre Psychanalyse de l’aéroport international et de nombreuses autres pièces. Elle publie le livre Planète B (369 éditions) et réalise la vidéo Chroniques du soleil noir en partenariat avec l’Observatoire de Paris pour l’exposition Prendre le soleil au Hangar Y.
Crédits photos : Portrait de Stéphanie Solinas © François Bellabas / Portrait de Pierre Cassou-Noguès © Droits réservés / Portrait de Gwenola Wagon © Droits réservés
