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« Je viens de trouver un sujet magnifique pour l’Ecole des Beaux-Arts. Il est digne, je vous le jure... Paul Delaroche », lettre autographe sans doute adressée à son ami, M. Le Blanc, au sujet de la fresque murale de l’amphithéâtre d’honneur des Beaux-Arts de Paris, mars 1836, in-8°, Ms 862

Paul DELAROCHE

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Paul DELAROCHE (Paris, 1797 – 1856)

« Je viens de trouver un sujet magnifique pour l’Ecole des Beaux-Arts. Il est digne, je vous le jure, du lieu auquel il serait destiné et suis vraiment heureux de vous l’annoncer car je sais tout le désir que vous avez de me voir réussir. L’important, le plus difficile est trouvé, il faut maintenant, mon ami, que vous enleviez la place et surtout l’argent nécessaire pour qu’il me soit possible d’exécuter tranquillement ce grand ouvrage. J’y ai bien pensé depuis que j’ai trouvé une composition et je puis vous affirmer qu’en demandant 80 000 F je ne suis que modeste. Faites tous vos efforts. J’attends demain à 4 heures Duban. Je lui dirai d’aller vous voir après demain matin. Tout à vous. Paul Delaroche », lettre autographe sans doute adressée à son ami, M. Le Blanc, au sujet de la fresque murale de l’amphithéâtre d’honneur des Beaux-Arts de Paris, mars 1836, in-8°, Ms 862

 

Elève d’Antoine-Jean Gros, Paul Delaroche s’illustre et se fait connaître grâce à ses peintures dites « de l’anecdote historique » qui se rattachent au genre plus large de la peinture d’histoire. Il sera ainsi élevé au rang de « coryphée » de ce genre sous la plume d’Heinrich Heine. Ses liens avec l’Ecole des Beaux-Arts sont multiples : il en est tout d’abord l’élève achevant sa scolarité en 1824, puis il y officie comme professeur pendant une dizaine d’années jusqu’en 1843. Il habille enfin d’une de ses œuvres une des plus célèbres pièces de l’établissement : l’amphithéâtre d’honneur dans lequel sa peinture murale fait face au Romulus vainqueur d’Acron, réalisation d’un autre grand nom des Beaux-Arts de Paris, Jean-Auguste Dominique Ingres. Reconnaissance de son identification très forte aux Beaux-Arts de Paris, une exposition rétrospective lui est consacrée dans l’Ecole en 1857, année qui suit celle de sa mort. 

 

La peinture à la cire que Paul Delaroche effectue pour l’amphithéâtre des Beaux-Arts de Paris joua à la fois un aussi grand rôle pour la notoriété de l’artiste que pour celle du lieu. Elle lui est commandée par le ministre Thiers. Il réalise ainsi Le Génie des arts entouré des artistes de tous les temps distribuant des couronnes. Peinture à la cire commencée en 1836, elle est signée et datée 1841 en bas à gauche.

 

Elle comprend 75 figures grandeur nature : au centre Ictinos, Appelle et Phidias, les trois artistes de la Grèce antique, qui composent le jury. Quatre figures de femme symbolisent les périodes de l’art : grec, romain, gothique, renaissant. 67 artistes paraissent converser entre eux, selon une opposition conforme à la doctrine académique, les tenants de la couleur occupant la gauche, ceux du dessin la droite. Delaroche, proche du Romantisme a exclu tous les artistes (sauf un) qui ont appartenu à l’Académie royale de l’Ancien Régime. Devant l’ensemble, prend place la figure allégorique du « Génie des Arts ». La personnalité ayant servi de modèle est une figure parisienne bien connue en 1840, il s’agit de Joséphine Bloch, modèle féminin qui inspira nombre d’artistes et de poètes ; elle sera notamment une des Fleurs du Mal de Baudelaire.

 

Au milieu du XIXe siècle, l’Ecole des beaux-Arts devient un modèle pour le monde entier : la peinture de Delaroche accompagne ce rayonnement parce qu’elle résume le dialogue de l’art du passé et de l’art vivant.